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23 mai 2004
RE F TE 06
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Concert

Cordes Sensibles

Liu Fang et Malcolm Goldstein ont croisé leur instruments à cordes, pipa et violin, à l'auditorium du musée d'art moderne de Strassbourg. Très belles sensations.

La jeune Chinoise - 30 ans - est une virtuose du pipa, qui joua à onze ans devant la reine d'Angleterre en visite en Chine. Mais elle a su extraire son luth traditionnel - l'instrument est apparu au deuxième siècle avant Jésus Christ, et reste l'une des principales voix de la tradition musicale chinoise - de l'enclos imposé par les partitions classiques.

Pures sensations

En s'exilant au Canada en 1996, Liu Fang s'est lancée dans des recherches contemporaines très ouvertes, mélant son jeu d'une finesse fascinante à des sonorités venues d'Inde ou de Syrie, puis récemment aux dérives passionées du violoniste Malcolm Goldstein. Ce dernier foue dans la cour des exubérants inventifs depuis les années 1960, et a durablement omprimé sa marque, via des ensembles de recherche comme l'Experimental intermedia foundation de New York, ou en solo.

L'idée de méler les deux arts - la tradition inventive et le jeu libre - ne pouvait que susciter somptueuse beauté, dans un auditorium du Mamcs encore une fois clairsemé, mais envoûté. Enlevé par les digressions des deux artistes, qui s'offrent alternativement l'initiative des séquences: les instruments se crispent, puis laissent couler à l'aveugle quelques mesures délicates grattées par Liu Fang sur les cordes aiguës et subtiles de son instrument.

Et la soirée ne laissa pas à Goldstein le monopole de l'inventivité. La Chinoise a laissé entrevoir les possibilités des quatre cordes du pipa, aussi riche que le oud, et qui permet des attaques très nerveuses, qui trouvent écho dans le jeu du violoniste. Les quelques pièces improvisées par les deux musiciens furent sensations pures, et d'une retenue rendue plus agréable encore par l'amplification minimale la petite salle de l'auditorium. - Sophian Fanen

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